Condition féminine au Burkina Faso

La situation de la femme au Burkina Faso est sensiblement identique à celle des pays voisins. Pilier de la société africaine la femme est omniprésente sans que la condition féminine soit satisfaisante:

Discours de Thomas Sankara : « La libération de la femme : une exigence du futur » 8 mars 1987.

« Camarades, il n’y a de révolution sociale véritable que lorsque la femme est libérée. Que jamais mes yeux ne voient une société, que jamais, mes pas ne me transportent dans une société où la moitié du peuple est maintenue dans le silence. J’entends le vacarme de ce silence des femmes, je pressens le grondement de leur bourrasque, je sens la furie de leur révolte. J’attends et espère l’irruption féconde de la révolution dont elles traduiront la force et la rigoureuse justesse sorties de leurs entrailles d’opprimées ».

Condition féminine au Burkina Faso

Epouse, mère de famille, porteuse d’eau, commerçante, on la voit partout, à tel point qu’elle est souvent représentée par les artistes en train de vaquer à ses occupations. Quand vous aurez traversé la brousse burkinabè, vous aurez parfois le sentiment que ce pays est uniquement (ou presque) peuplé de femmes. On ressent parfois l’impression, terriblement trompeuse de voyager en une société matriarcale. Le propos n’est pas de faire le procès des hommes (j’en suis un aussi malgré tout) ou des traditions mais de tenter de dresser en quelques lignes un état aussi objectif que possible de la situation des femmes burkinabè.

Education des jeunes filles:

L’accès à l’éducation est loin d’être une règle au Burkina Faso, même si des textes vont dans ce sens. Trop d’obstacles se dressent aujourd’hui, en particulier en milieu rural. Le poids des traditions tout d’abord, fait qu’il n’est pas naturel de scolariser des enfants alors qu’ils représentent rapidement une source de main d’oeuvre conséquente. C’est encore plus vrai pour les filles qui peuvent être placées assez jeunes comme bonnes ou qui fourniront une aide précieuse à la maison. Dans un pays ou le taux d’alphabétisation est très faible (taux d’illettrisme de 78% en 2001 dont 90,8% pour les femmes) la tendance n’est pas prête à s’inverser même si les autorités ont pris conscience du problème. De nombreux programmes se mettent peu à peu en place pour favoriser l’accès des jeunes filles à l’école. C’est sans doute le milieu rural, en particulier dans le Nord qui accuse le plus lourd retard.

La femme, pilier de la famille burkinabè:

Dans la famille rurale du Burkina Faso, le sort de la femme n’est guère enviable. Levée avant le jour, elle parcourt des kilomètres, parfois plusieurs fois par jour pour aller puiser de l’eau qu’elle ramènera ensuite sans moyen de transport. 20 à 30 litres d’eau sur la tête c’est lourd surtout quand on est jeune et qu’on a le ventre vide. Piler le mil s’apprend juste après qu’on sache marcher. Aller chercher l’eau est important mais il faut aussi du bois pour cuisiner. Comme le bois est rare, il faut aller le chercher loin, souvent trop loin. Après cette mise en forme qui ne dispense aucunement la femme d’allaiter en même temps l’enfant qu’elle porte sur le dos, il faut passer aux choses sérieuses. Préparer un repas dans un pays où l’alimentation est centrée autour de la culture du mil est une chose simple: ya qu’à piler. C’est bon pour la ligne, on peut chanter en même temps et le son du pilon donne une note pittoresque au village lorsqu’il est traversé par des nassara.
Ensuite, elle va pouvoir se mettre au travail, c’est à dire être un peu productive: aller vendre quelques légumes au marché si le temps qui lui reste pour dormir n’est pas déjà compté.

Travail des femmes au Burkina:

L’accès au monde du travail (en dehors de l’économie informelle) est extrêmement restreint pour les femmes au Burkina Faso. Le paradoxe est grand puisque la femme (dont personne ne conteste qu’elle est un pilier de l’économie) est exclue de l’emploi salarié. Sa représentation est aussi faible qu’à l’école et on ne la retrouve que dans quelques administrations comme la poste ou less banques. Des ONG offrent parfois aussi des emplois à des femmes. Globalement, la discrimination dont les femmes font l’objet dans la société est applicable au monde du travail.

Femmes, Traditions et Religions :

Le terrain animiste, l’arrivée de l’Islam, puis des courants chrétiens n’ont guère été favorables aux femmes. Le religieux, par essence peu enclin au progrès, place traditionnellement la femme au rang d’animal ou de meuble, et la méthode varie assez peu. C’est sans doute cette vision de la femme qui a permis à l’Islam de s’imposer très tôt et d’être absorbé par les cultures africaines. Les chrétiens, à leur arrivée n’ont rien trouvé à redire à la situation. C’est à travers ces traditions que se sont perpétués excision, mariage forcé et polygamie. Il faut arriver à être assez proche d’une femme africaine pour qu’elle s’ouvre sur la dureté de sa condition. Les violences faites aux femmes, les mutilations sexuelles et les viols ne sont pas vécus par la femme comme un sympathique folklore. A noter que depuis quelques années, un Islam radical d’origine arabe se répand insidieusement dans le pays, prônant un asservissement encore plus total de la femme. De plus en plus souvent on est amené à croiser des femmes entièrement voilées et vêtues de noir. La chape de plomb qui recouvre l’existence de celles-ci n’est visiblement pas prête à se soulever.

Femmes en politique au burkina Faso:

A l’image de la chefferie traditionnelle, les femmes sont quasiment absentes de la scène politique africaine. Un frémissement se fait sentir avec une montée en puissance à travers le monde associatif et l’influence de certaines ONG. La lutte contre l’excision, contre le sida et pour l’amélioration des conditions féminines est un combat de tous les jours pour certaines associations de femmes africaines.

Comment aider les femmes africaines : vous pouvez vous rapprocher d’une des nombreuses associations qui luttent sans relâche contre :

– L’excision et les mutilations sexuelles
– Le mariage forcé des jeunes (très jeunes) filles
– Les violences faites aux femmes
– L’illettrisme
– Les discriminations en tous genres