Le don au Burkina Faso

Problématique du don au Burkina Faso (et en Afrique). 

Parmi les voyageurs qui se rendent au Burkina Faso, les bonnes âmes bourrées de bonnes intentions sont légions. Aussi avant le départ on fait le tour des amis en leur demandant ce qu’ils ont à donner pour les pauvres. Si sur le fond la démarche n’est pas condamnable, elle pose quand même un réel souci et peut conduire à des dérives incontrôlables.Il convient donc de se poser quelques questions :-Est-ce que j’emmène quelque chose d’utile ? L’anorak en duvet d’oie sera plus utile à un pauvre en Europe qu’en Afrique.
-Est-ce que ce que j’emmène est en bon état ? L’Afrique ne doit pas devenir une super déchetterie pour nos objets de consommation en fin de vie.
-Est-ce que c’est pérenne et adapté au milieu: un objet utile au Burkina doit avoir une conception quasi militaire tant il sera soumis à la chaleur et à la poussière. Il doit être réparable et recyclable.-A qui vais-je le donner : Un don organisé peut être utile : on s’adresse alors à une association, un dispensaire, une école qui a ciblé un besoin précis que le marché local ne permet pas de résoudre. Dans ce cas, il faut avoir un correspondant sur place qui connaisse bien la situation et qui puisse vous faire une demande précise. Un don anonyme par contre est une catastrophe en matière de relation Nord Sud. Imaginez un individu débarquant dans votre village et arrosant la moitié de la population de stylos bille, sans se préoccuper de savoir si par exemple celle-ci possède du papier, ou ce qu’elle va faire du gadget électronique bourré de métaux lourds lorsque celui-ci sera (rapidement HS). Au-delà du caractère absurde et irresponsable de ce genre d’action, il faut s’interroger sur la nature des relations que l’on souhaite entretenir avec les habitants auxquels on rend visite. Si le but est de faire perdurer un état de relatif asservissement post colonial, alors on peut continuer à donner tout et n’importe quoi dans les villages.
-Le don de médicament : Ce problème doit être considéré comme critique. Le don de médicament ne devrait pas exister mais il existe. Il faut donc le réserver aux responsables d’établissements de santé : hôpitaux ou dispensaires. En aucun cas vous ne pouvez remettre des médicaments à des particuliers et ce pour plusieurs raisons : La personne peut s’administrer elle-même un traitement inadapté ou dangereux, ou faire de même avec ses proches. Vos médicaments finiront sans doute entre les mains d’un « pharmacien » ambulant qui vendra fort cher un antihistaminique pour lutter contre les règles douloureuses. Ce type de mauvais gag qui est courant n’est pas très grave mais il m’est arriver de voir sur des marchés des produits réservés à un usage intraveineux ou dont la date limite et les conditions de conservation n’avaient pas été respectées. Vous pouvez par contre rendre votre franchise de bagages très utile en demandant à votre correspondant local de PSF s’il n’a pas des demandes urgentes sur votre destination.
-Le cadeau: Le cadeau est différent du don. On l’adresse à une connaissance dont on connaît à priori les goûts et on lui remet dans un contexte qui ne comporte a priori pas de relation hiérarchique. On peut alors offrir des vêtements « made in France ou Italie » des parfums etc. Il ne s’agit que d’une relation amicale et les produits français restent en général très prisés. Là encore, ce n’est pas une raison pour entretenir le marché de la contrefaçon. Enfin, le cadeau ne doit pas être extorqué. J’aime beaucoup les policiers africains et je connais leur situation difficile. Il faut être très patient et ne céder sur rien. Une fois que le problème est réglé on peut alors se permettre un cadeau amical.